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savez que j’ai l’intention de faire un voyage à pied en Suisse et en Italie, pour aller rejoindre mon régiment à Corfou.

— Et vous préférez ce voyage solitaire à un mariage ?

— Un mariage n’est pas, à mes yeux, une chose gaie, et vous savez, lady Éveline, que je ne danse guère. Puis il y aura tant d’hôtes à Hollywell, que ma chambre fera plus de plaisir que ma personne.

— Dans tous les cas, il faut que vous alliez parler d’eux à notre vieille tante Mabel, reprit Éveline. Vous serez le bienvenu chez elle, où le nom de Morville est un passeport suffisant. J’ai passé des heures à y discourir des perfections de M. Walter.

Philippe ne put refuser, et on le conduisit à la maison où vivait la vieille lady Mabel Edmonstone et sa fille. Ses sentiments pour Walter ne furent pas adoucis par l’obligation où il se trouva de faire son éloge. Heureusement on ne le questionna pas sur des points où sa conscience n’aurait pas été à l’aisé ; il lui suffit de parler des manières agréables de Walter, de son talent pour la musique, et de décrire la beauté de Redclyffe. Lady Mabel et miss Charlotte Edmonstone étaient enchantées ; et plus Philippe voyait la manière superficielle dont la famille considérait cette union, moins il se sentait disposé à se mêler à cette foule empressée le jour du mariage. Il se rendit pourtant agréable pendant le reste de sa visite, et montra à lady Éveline qu’il la croyait digne de parler raison avec lui.