— Vous vous flattez un peu trop, dit Philippe, qui ne se souciait pas de faire connaître son opinion.
— Ah ! vous savez ? dit lady Kilcoran, d’un ton endormi. C’est sans doute un grand sujet de joie ?
— Mais qu’est-ce donc, Eva ? dit Maurice.
— Devinez.
— Vous ne seriez pas si contente si ce n’était pas un mariage.
— C’est vrai ; mais le mariage de qui ?
— D’une de vos cousines Edmonstone, je suppose. De Laura ?…
— Non pas de Laura !
— Voilà donc quelqu’un qui n’a pas de goût ! Laura devait se marier la première. C’est la plus jolie fille que je connaisse.
— Votre cœur ne sera pas brisé pour cette fois ; c’est cette petite Amy qui a fait une grande conquête. Devinez donc ?
— M. Walter Morville, cela va sans dire. Mais quelle idée a-t-il eue de choisir Amy et de laisser Laura ?
— Peut-être n’a-t-il pas eu le choix. Les hommes se figurent toujours qu’ils n’ont qu’à dire ! N’est-ce pas, capitaine Morville ? J’aime beaucoup M. Walter, mais je ne connais personne qui soit digne de Laura. Si je pouvais trouver un héros parfait, je le lui donnerais ; au reste Charles prétend que les héros parfaits sont insupportables. Depuis combien de temps savez-vous cette nouvelle, capitaine Morville ?
— Depuis dix jours !