Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 30 —

la vérité avait été découverte, et Philippe ne pouvait plus accuser Dixon de mensonge. Mais, tant que Walter ne voulait pas s’expliquer au sujet des mille livres, il trouvait ce mariage extrêmement imprudent. Il craignait pour Amy que son mari, une fois lassé de vivre seul avec elle à Redclyffe, ne cherchât à se distraire par des plaisirs auxquels Dixon l’avait sans doute déjà initié. C’est pourquoi il était affligé qu’on n’eût pas écouté son avis et attendu quatre ans de plus, mais il ne daignait pas s’irriter des expressions moqueuses qu’on employait à son égard, et dans lesquelles il reconnaissait l’humeur satirique de Charles.

Ce mariage lui semblait donc un sacrifice dont Amy était la victime ; mais une invitation à Hollywell avait un charme auquel il pouvait difficilement résister. S’il l’acceptait il reverrait Laura, dont il allait être séparé pour tant d’années, et c’était aussi une manière de montrer son affection pour Amy, et son dédain des insultes de Charles et de son père.

Telles furent ses premières pensées. Les secondes furent très différentes. Il était contraire à ses principes de sanctionner par sa présence un mariage si déraisonnable ; et Walter, et surtout Charles, n’auraient pas manqué de triompher. Il serait plus digne de lui de ne pas se rendre au milieu de ses parents dans un moment où ils étaient si peu en état d’écouter ses avis. S’il s’abstenait d’aller à Hollywell, on verrait bien plus tard, quand Walter aurait justifié son opinion, qu’il avait eu raison de persister jus-