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— Rien que mes fautes, rien d’autre ne peut me séparer de lui.

— Il avait en effet le don de répandre la joie et la paix sur ses alentours, dit Charles d’un air pensif. Amy, je ne sais si vous devez à votre époux autant que je lui dois. Vous étiez bonne à quelque chose avant de l’avoir connu ; mais moi, quand je me rappelle ce que j’étais avant son arrivée, je me dis qu’il m’a fait entrer dans une meilleure voie. Quel être misérable je serais à présent sans lui ! Mais grâce au rayon céleste dont il m’a éclairé, je suis plus heureux, en vérité, que si j’avais de bonnes jambes comme tout le monde !

— Plus heureux ?

— Oui ; personne n’est aussi choyé que moi, personne n’a moins de soucis. Personne n’a une maman pareille, sans parler de ma petite Amy, de Charlotte et de miss Morville. Et quant à ce qui en est de n’être bon à rien, comme je m’en désolais autrefois… Eh bien, quand le député de Moorworth gouvernera le pays, moi, je gouvernerai le district de Moorworth !

— Vous nous avez été toujours très utile à tous, répondit Amable. Ni papa, ni Philippe ne peuvent se passer de votre aide pour écrire. Et puis je compte sur votre secours quand ma fille grandira !

— Est-ce là le résultat de vos réflexions sur ce gros livre d’éducation que je vous voyais tenir l’autre jour ? Pourquoi ne demandez-vous pas des avis à madame Henley ?

Amy se mit à rire comme elle riait autrefois.