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vre Éva ? Que pouvais-je faire ? Elle s’appuyait de mon exemple. Le cas était pourtant bien différent, mais elle ne voulait pas le voir, et il me semblait que c’était ma faute. Charlotte me faisait envie.

— Eh bien ! il s’accuse lui-même comme vous vous accusez.

— C’est cependant ma faute à moi seule ! J’aurais dû tout dire à maman dès le premier jour.

— Que je suis heureuse de vous entendre enfin parler ainsi ! Vous aurez la paix à présent que vous reconnaissez votre faute.

— La paix, quand je me suis encore abaissée à ses yeux ? Je sais bien qu’il m’aime et qu’il m’aimera toujours ; mais je ne peux lui inspirer cette confiance, ce respect que vous avez mérité. J’aurais obtenu tout cela si j’avais tout avoué à notre mère. Que de souffrances et de reproches épargnés à Philippe, qui m’en aurait aimé davantage ! Éva n’aurait pas commis cette faute, ou, du moins, elle n’aurait pu s’autoriser de mon exemple, et j’oserais lever la tête !

Elle la baissait jusque sur ses genoux en parlant ainsi ; Amy la releva, baisa à plusieurs reprises le front et les joues de sa sœur en disant :

— Chère Laura, je vous plains ; mais, croyez-moi, vous serez plus heureuse maintenant que vous reconnaissez votre faute. Vous comprendrez mieux aussi les regrets de Philippe.

— Non ! non ! je n’ajouterai pas mes reproches à ceux qu’il s’adresse déjà !

— Vous avez raison, mais vous l’aiderez à trouver