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je la comprends moi-même. Vous savez sans doute que M. Thorndale est venu dans le but de me demander la main d’Éveline. Chacun a été surpris de son refus, et plus encore quand on a découvert qu’elle aimait M. Fielder, le précepteur. Il paraît que, dès qu’ils ont compris les intentions de M. Thorndale, ils se sont non-seulement avoué leur amour, comme c’était le cas de la pauvre Laura, mais qu’ils se sont fiancés. Imaginez qu’Éva s’appuyait de l’exemple de Laura ! Il va sans dire que cette découverte a causé ici une grande confusion. Lord Kilcoran était furieux ; lady Kilcoran a pris des attaques de nefs ; le monsieur a été renvoyé de la maison, et on l’a cru parti pour l’Angleterre. Éva répandit des torrents de larmes ; mais elle finit par se calmer et paraître soumise. Nous la plaignions tous beaucoup, car M. Fielder était, sous plusieurs rapports, fait pour plaire à une jeune fille dont les bonnes qualités sont perdues avec la vie qu’elle mène ici. Comme la présence de Laura semblait lui faire du bien, lady Kilcoran témoignait le désir de la garder aussi longtemps que possible. Tout cela s’est passé il y a environ trois semaines ou un mois. Éva reprenait sa gaieté, et je venais de commencer une longue lettre pour vous, quand Charlotte entra dans ma chambre fort émue, en disant qu’Éveline était sur le point de se faire enlever par M. Fielder. Charlotte revenait seule de faire une visite à sa grand’maman, et avait pris un sentier détourné pour courir après Trim, qui, à ce qu’elle dit, semblait se douter de quelque chose, quand elle rencontra Éve-