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entendait la voix de son mari, qu’elle fondit en larmes et ne put continuer. Cependant depuis ce jour il lui arriva souvent, quand elle était seule, de toucher du piano, en jouissant du plaisir que la musique causait à la petite Mary.

Cette enfant paraissait se trouver fort bien de l’air de la mer, elle prenait des couleurs, de la vivacité ; plus son intelligence se développait, plus elle ressemblait à son père. Amable reprenait des forces ; elle était moins pâle que l’été précédent, et pouvait faire de plus longues promenades. Tous les jours elle allait voir la « la mer de Walter, » avant de faire une visite dans quelque chaumière où on lui parlait de son époux avec affection, ou de s’enfoncer dans les bois qu’il aimait tant. Un jour, comme Philippe et Charles rentraient, ils la rencontrèrent dans la cour, son manteau sur le bras, et son voile de crêpe mouillé d’écume. Ses joues étaient colorées par l’air de la mer ; elle sourit à leur vue. Quand Charles fut établi sur le canapé, elle s’approcha et lui dit tout bas :

— James et Ben Robinson m’ont conduite au Shag-Roc !

Elle vit M. Wellwood, qui lui donna de bonnes nouvelles de Coombe-Prior, et se lia avec la famille Ashford. Elle trouvait un grand plaisir à visiter les chaumières, et Charles était surpris de voir combien elle était moins abattue qu’à Hollywell. C’est qu’ici tout lui rappelait Walter ; sans doute elle sentait son absence, mais elle sentait aussi grandir son espérance de le rencontrer un jour. L’anniversaire de sa mort