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Philippe demeura couché, les yeux fermés et paraissant souffrir beaucoup ; Charles, craignant de le déranger, gardait le silence et croyait rêver. Était-il bien chez Walter avec Amy et son enfant, mais d’une manière si différente qu’ils n’avaient prévu ? Il promenait ses regards autour de la salle, reconnaissant partout le goût de Walter et les préparatifs qu’il avait faits pour recevoir sa femme : — piano, livres, gravures, souvenirs de Hollywell, et cela tout neuf et produisant un effet extrêmement mélancolique. Charles se rappelait alors les yeux brillants, la douce voix, la démarche agile de celui qui n’était plus, et il aurait détesté Philippe s’il n’avait vu ses traits altérés par la souffrance, ses cheveux gris, et les rides profondes que la douleur avait tracées sur son front à l’âge de vingt-sept ans.

Philippe se tourna enfin et leva les yeux.

— Charles, dit-il, j’espère que vous ne l’avez pas laissée faire une imprudence.

— Non ; nous avions la permission du docteur Mayerne.

— C’est comme tout le reste, dit Philippe. Mais comment avez-vous su que j’étais malade ?

— Markham en avait dit un mot dans une lettre d’affaires. Amy, alarmée, a demandé plus de détails et, après l’arrivée d’une seconde lettre, nous avons désiré vous voir nous-mêmes.

Cependant Amy était demeurée quelque temps à l’étage supérieur, parlant avec madame Drew, qui était partagée entre la surprise, la joie et la douleur. Elle