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à pied. Charles dit qu’il le pouvait, et la voiture s’arrêta. Amable donna son enfant à Anne, et vit Charles sortir de la voiture avec l’aide d’Arnaud ; puis elle demanda à Markham de la conduire auprès de Philippe, pendant qu’Arnaud mènerait Charles au petit salon. Et Charles se disait qu’il était étrange qu’elle franchît pour la première fois le seuil de la maison de son époux, pour aller consoler son ennemi.

Amable entra dans la sombre antichambre boisée en chêne. Elle était éclairée d’un côté par le feu et la lampe du petit salon, dont la porte était ouverte ; mais toutes celles qui étaient de l’autre côté étaient fermées. Markham s’arrêta avec hésitation.

— Dites-lui que je suis arrivée, lui dit Amable à voix basse.

Il frappa à une haute et lourde porte de chêne, l’ouvrit doucement, et Amable put jeter un regard dans la pièce où elle conduisait. C’était un vaste appartement, déjà très sombre ; le feu était éteint, et la lueur grisâtre du crépuscule permettait seule de distinguer les oreillers blancs du sofa sur lequel Philippe était couché. Markham s’avança, et, fort embarrassé, il commença :

— Hem !… Lady Morville est arrivée, et…

Amable entra, sans attendre la réponse, en disant :

— Comment êtes-vous, Philippe ?

Il ne fit pas un mouvement, ne témoigna pas la moindre surprise, et dit seulement :

— Vous êtes donc venue entasser de nouveaux charbons sur ma tête !