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alla jusqu’au village, pour prendre congé d’Alice Lamsden.

Le lendemain au soir, comme les dernières lueurs du soleil couchant s’éteignaient à l’horizon, lady Morville et Charles Edmonstone entraient dans la vallée boisée de Redclyffe. Ils n’avaient pas échangé une parole depuis qu’ils avaient quitté Moorworth. Charles observait sa sœur en silence, autant qu’il pouvait le faire sous le voile de crêpe qui la cachait. Il ne pouvait juger de son émotion que par la manière dont ses mains pressaient le petit manteau blanc de l’enfant endormi sur ses genoux. Chaque place rappelait à Charles quelque description de Walter : la tour de l’église, l’école avec ses deux grandes fenêtres neuves, le mur du parc et la pente gazonnée qu’il renfermait. Qu’éprouvait la jeune veuve ? Son frère n’osa pas lui adresser la parole jusqu’à la grille d’entrée, où il s’écria : « Voici Markham ! » puis il se demanda comment ils allaient trouver le maître de la maison, et s’il était bien aise de les voir arriver.

À cette exclamation, Amy s’avança et fit un signe à Markham, qui vint appuyer sa main sur la portière et suivit la voiture, comme elle montait lentement l’avenue.

— Comment est-il ? demanda-t-elle.

— Pas mieux. Il s’est fait mettre hier des sangsues, qui ne lui ont fait aucun bien. Je suis fort aise que vous soyez arrivés, car il se soigne très mal.

— Est-il levé ?