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trop souvent la société de la petite demoiselle, s’il ne lui avait pas témoigné tant d’affection. Il la regardait avec un singulier mélange de curiosité et d’intérêt, s’amusant de ses petites manière inexplicables, et flatté quand il pouvait attirer son attention. Mais il aimait surtout cette petite créature à cause du bien qu’elle faisait à sa mère ; il l’aurait aimée pour cela, quand même elle n’aurait pas été l’enfant de Walter.

Peu à peu, dans la soirée, le dimanche surtout, Amy entretint son frère de son voyage sur le continent, de son séjour à Recoara, plus qu’elle n’avait fait jusque-là. Elle éprouvait de la douceur à voir combien tout ce qui se rapportait à Walter avait de prix pour Charles. Le frère et la sœur n’auraient pu se passer l’un de l’autre ; Amable se sentait rendue à Charles, comme Walter l’avait désiré, et Charles croyait voir se réaliser leur rêve d’enfance, de vivre un jour seuls ensemble. Il ne s’ennuyait point, et, quoiqu’il reçût avec plaisir quelques visites le matin, il aurait très bien pu s’en passer ; ses soirées en tête-à-tête avec Amy lui étaient plus agréables encore que celles où M. Ross et Mary venaient prendre le thé. Il écrivit donc à sa mère de ne pas s’inquiéter ; Amy passerait mieux l’anniversaire de septembre, si elle se trouvait seule encore. Au reste, les lettres journalières de sa mère et de Charlotte semblaient faire prévoir que leur séjour serait prolongé. Lady Mabel, étant fort affaiblie, ne voulait pas laisser partir ses enfants ; Laura et Charlotte étaient sans cesse à Kilcoran, où l’on ne pouvait se passer d’elles. Charlotte