Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 286 —

beaucoup mieux pour Philippe et pour vous que vous voyiez la vérité.

— Je croyais que vous lui aviez pardonné, murmura Laura.

— L’idée de pardon implique celle de faute, Laura. Je n’aurais pu le consoler, si je n’avais su qu’il avait besoin de consolations. Il ne peut lui être agréable que vous croyiez sa repentance vaine.

— Elle est noble et grande.

— Mais elle serait inutile, si elle était sans objet. C’est pourquoi, ma chère Laura, permettez-moi de vous le dire, si vous vouliez convenir qu’il vous a entraînée à commettre une faute, si vous vouliez en convenir devant notre mère, votre mariage aurait lieu sous de plus heureux auspices.

— Je n’aurais jamais pu le trahir sans y être forcée, dit Laura. Vous savez, Amy, que nous ne nous étions rien promis ; nous ne nous sommes jamais écrit, nous avons fait une seule promenade ensemble, et il était inutile qu’il parlât avant que sa position fût changée.

— Cependant, Laura, quelque chose pesait sur sa conscience quand il s’est cru mourant !

— C’était la seule apparence de faute qu’il pût se reprocher ; ses scrupules étaient nobles et généreux !

Elle parlait avec tant de vivacité, que l’enfant s’éveilla encore et interrompit de nouveau la conversation. Elle se retira, mais, quoique son amour fût excessif, il ne lui donnait aucun repos. Pour Philippe,