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— Non, je ne désire pas être comme la pauvre Alice ! Je ne le désire pas, à cause de cette enfant. Mais, Mary, depuis que je suis guérie, je vois combien j’avais compté sur la mort. Il me semblait que j’irais auprès de lui, au printemps, s’il ne pouvait revenir auprès de moi.

— Cette enfant vous console, sans doute !

— Oui, cette chère petite ! Quand je la vis pour la première fois, il me sembla que c’était lui ! Par moments il me le semble encore, et ce sera toujours plus ainsi. Je suis très heureuse de l’avoir, et, quoique je sois parfois triste et malheureuse, je ne voudrais pas que les choses fussent allées autrement.

— Vous avez raison.

— Mary, quand je m’éveille après avoir rêvé de lui, après avoir cru entendre sa voix, sentir sa main, alors il ne me reste d’autre consolation que de prendre notre enfant et de la serrer dans mes bras.

— Chère Amable ! Ces sentiments sont très naturels.

— J’espère qu’ils ne sont pas coupables ; car, au fond, je suis résignée ; je sais que ce coup est venu du ciel. Il m’arrive même parfois d’être heureuse, quand je suis seule ou à l’église ; mais d’autres fois je me le représente tel qu’il était dans sa force, lorsqu’il nous arrivait par un beau jour d’été… Ah ! si seulement je pouvais assez me surmonter pour ne pas me rendre désagréable à tout le monde !