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Philippe le remarqua dès son arrivée, Amable était moins bien qu’à l’époque du baptême. Elle avait fait alors un trop grand effort sur elle-même, et, quoiqu’elle ne fût pas indisposée, elle était triste et abattue, incapable d’entendre de la musique ou de regarder une fleur, et souffrant beaucoup des souvenirs que la saison lui rappelait. La moindre chose la fatiguait ; elle ne s’intéressait qu’à son enfant et à une jeune veuve du village, atteinte d’une maladie de langueur.

Elle craignait la société, évitait les visites et paraissait contrariée, quand son père amenait quelqu’un à dîner. Cependant, comme il voyait avec peine qu’elle restât dans sa chambre, elle descendait pour lui plaire.

Quand il y avait un grand dîner, elle n’était pas tenue d’y assister. M. Edmonstone en donna un pendant la visite de Philippe, pour avoir le plaisir de présenter le député de Moorworth à ses amis.

Après le dîner, Charlotte vint prier Mary Ross d’aller auprès d’Amy. Ne la trouvant pas dans le cabinet de toilette, elle frappa à la porte de sa chambre.

— Entrez, dit-on doucement.

Elle ouvrit la porte, et vit devant la fenêtre, entourée de roses grimpantes, la petite tête d’Amable, coiffée de son bonnet de veuve, qui se dessinait sur le bleu du ciel, pendant qu’elle veillait sur le berceau de son enfant endormi.

— Je vous remercie d’être venue, dit-elle ; j’ai pensé que vous ne regretteriez pas trop de rester un