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longtemps deviné ce mystère, quand sa femme s’inquiétait en voyant la pâleur de Laura.

Le docteur ne fut pas non plus très surpris de cette nouvelle ; mais, sachant quels étaient les sentiments de Charles pour Philippe l’hiver précédent, il lui tardait de voir ce qu’il pensait de ce mariage. Charles en parla de la manière la plus cordiale.

— Eh bien ! docteur, vous savez la nouvelle ?

— Ils sont faits l’un pour l’autre, répondit le docteur. En les voyant ensemble, on dirait le premier chapitre d’un roman.

Quand madame Edmonstone entra, le docteur fut un peu surpris de la manière dont elle reçut ses félicitations ; sans doute elle pensait au pauvre Walter, ou craignait que la vue des deux fiancés ne fît de la peine à lady Morville, car elle était plus froide que d’habitude. À dîner, M. Edmonstone était de très bonne humeur, heureux du rétablissement d’Amy, content d’avoir encore un jeune homme dans la maison, content de voir deux amoureux, et de songer que du moins Laura serait la maîtresse de Redclyffe, puisque cette terre ne pouvait appartenir à l’enfant d’Amy. Sa femme, qui était sans inquiétude au sujet de sa seconde fille, faisait de son mieux pour sourire et pour parler, quoiqu’elle pensât bien souvent au père qui n’assistait pas au baptême de son enfant. Charles éprouva sans doutes les mêmes sentiments ; mais, il les cachait sous une apparence de gaieté et se permettait force plaisanteries ; Charlotte reprenait rapidement son humeur enjouée ; Philippe et Laura