Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 270 —

n’avoir plus rien à faire avec Redclyffe, sans le désir de… Et quand on pense à tout le mal qu’il m’a dit du capitaine !

L’après-midi était belle, et le soleil du printemps salua de ses rayons le petit enfant qu’on apportait à l’église. Bien des regards suivirent la jeune mère, que plusieurs n’avaient pas revue depuis le jour où, nouvelle mariée, elle était sortie de cette même église appuyée sur le bras de son époux. À ces regards de compassion pour la petite Amy Edmonstone (on avait à peine perdu l’habitude de l’appeler ainsi), se joignaient bien des regrets pour le jeune homme mort loin de sa partie, et que chacun aimait dans le voisinage. On plaignait aussi cette pauvre petite orpheline, qui ne pouvait pas encore sentir son malheur.

Amy tint son enfant sur ses genoux jusqu’au moment du baptême. Elle était éveillée, et Amable, sachant qu’elle était plus tranquille dans ses bras que dans ceux d’une autre personne, voulut la tenir elle-même pendant toute la cérémonie. Elle s’avança d’un air grave et paisible, car elle ne se sentait pas seule ; elle goûtait une parfaite joie d’offrir à Dieu son plus précieux trésor. Au moment où l’enfant fut baptisé par M. Ross, Amable crut découvrir sur cette petite figure une ressemblance qu’elle y avait toujours vainement cherchée. Elle n’aurait pu dire en quoi elle consistait, mais c’était une ressemblance plus vivante que celle d’un portrait. Après la bénédiction, elle se retira fortifiée, sentant qu’elle avait une grande