et que son père et Charles soient satisfaits ! Mais il ne faut pas que je vous cause après l’avoir renvoyée. Êtes-vous bien lasse ce soir ?
— Non, mais j’ai sommeil. Bonne nuit, chère maman.
— Bonne nuit, ma chère fille ! et, découvrant un peu la petite figure endormie sur le sein de la jeune mère :
— Bonne nuit, vous aussi, ma chère petite-fille. Ne dérangez pas maman !
Madame Edmonstone se retira, en pensant au soir où elle avait laissé Amy couchée dans ce même lit, éclairée par la pleine lune de Pâques. Cette chambre de jeune fille était devenue la chambre d’une veuve ; la clarté d’une lampe de nuit éclairait le portrait de l’époux tant regretté, sur lequel se projetait l’ombre de la petite croix de bois ; et les rideaux du lit s’ouvraient pour entourer le berceau de l’enfant.
Amable, quoiqu’elle aimât tendrement ses parents, aimait toujours à se trouver seule avec sa fille. Elle se sentait alors moins délaissée ; elle lui parlait tout bas de ce père qu’elle avait perdu, comme elle n’aurait pu le faire avec personne. Elle lui donnait les noms les plus tendres ; « fille de Walter, cher petit enfant de Walter », étaient ceux qu’elle prononçait le plus souvent. Quand elle l’appelait « ma fille », cela en disait beaucoup moins à son cœur.
Ce soir-là elle lui parla beaucoup de la cérémonie du lendemain, du Père qui est aux cieux et qui remplacerait le sien. « Ô ma fille, disait-elle, puis-