Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 260 —

M. Edmonstone craignait tellement cette corvée, que la cloche du dîner sonna avant qu’il eût pris un parti.

Cependant Laura était auprès d’Amy, qui cherchait à la rassurer au moment de paraître devant Philippe. La pauvre Laura ne pouvait croire qu’il lui pardonnât sa faiblesse et sa trahison. Elle n’osait plus même compter sur son amour, et toute sa fermeté lui faisait défaut. Mais la cloche du dîner et la nécessité de descendre semblèrent lui rendre l’habitude de se contenir. Elle se remit, sécha ses larmes et descendit. Pour Charlotte, elle était allée s’habiller seule ; elle faisait part à Trim, qui était avec elle, de tous les sentiments qu’elle éprouvait. Elle ne pourrait certainement parler à Philippe, et ne comprenait pas Amy de l’avoir choisi pour parrain. Et puis, penser qu’il allait se marier, comme le bon héros d’un livre, et vivre heureux le reste de ses jours !… Sans doute elle plaignait la pauvre Laura ; mais elle avait été coupable, et cependant elle serait récompensée ! Comment Charles pouvait-il parler des chagrins de Philippe ?… Pour sa maladie, il l’avait bien méritée.

Trim, qui avait entendu quelque bruit, insistait pour aller en savoir la cause ; et Charlotte, trouvant sa chambre sombre et froide, et ne pouvant entrer ni chez sa mère, ni chez Amy, où il y avait des conférences privées, fut bien obligée de suivre le chien au salon.

Elle y trouva Philippe, à qui Trim lui-même semblait avoir pardonné, car il appuyait son nez sur ses