Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 254 —

souffrir en tenant dans ses bras l’enfant de Walter. Elle s’assit donc, arrangeant sa fille sur ses genoux pour laisser à Philippe le temps de se remettre.

Au bout d’un instant, il s’approcha et dit d’une voix ferme :

— Amable, il faut que vous me permettiez de rendre justice à cette enfant.

Elle le regarda sans le comprendre.

— Je ne veux pas renvoyer d’un seul jour les démarches qui sont nécessaires pour lui rendre son héritage, ajouta-t-il d’un ton décidé, pour qu’Amable ne pût rien lui répondre, et qu’elle fût convaincue que c’était une chose arrangée et légitime.

— Philippe, vous n’y pensez pas !

— Il faut que cela se fasse.

— Vous ne voudriez pas rendre un si mauvais service à cette pauvre petite fille, dit Amy avec un sourire persuasif. N’y pensez plus, je vous prie ; ce serait très mal.

La bonne frappa à la porte, pour venir prendre l’enfant, comme Amable le lui avait commandé. Après cette interruption, Philippe s’assit et reprit la parole :

— Écoutez-moi, Amy, et ne souffrez pas que de vains scrupules privent votre enfant de ses droits. Vous devez reconnaître que ce domaine me revient, grâce à des circonstances dont aucun honnête homme ne voudrait profiter. La substitution n’avait été faite que pour exclure la vieille lady Granard. C’est votre devoir de consentir.