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— Ma sœur ! dit-il !… Il s’arrêta, puis il reprit : Il y a bien des années que j’aime Laura Edmonstone, et lady Morville le sait.

— Laura ? s’écria madame Henley. Êtes-vous fiancés ? Et, comme il n’était pas disposé à répondre à cette question, elle continua : Si vous n’êtes pas trop avancé pour reculer, réfléchissez bien avant de faire une démarche décisive. Vous venez d’hériter d’une grande terre, mais vous n’avez pas d’argent comptant. Si vous vous mariez tout de suite, et sans fortune, vous vous exposerez à de grands embarras.

— J’ai réfléchi, répondit-il, avec une hauteur qui aurait fait taire toute autre personne que madame Henley.

— Vous êtes donc fiancés ? dit-elle. Philippe, je ne m’attendais pas à vous voir épouser une femme pour sa seule beauté !

— Je ne puis en écouter davantage sur ce point, dit Philippe avec ce ton sévère qui imposait silence aux gens.

Marguerite se tut, quoiqu’elle fût très fâchée d’apprendre qu’il n’était plus libre, au moment où il aurait pu faire un mariage avantageux. Elle regrettait aussi de l’avoir offensé et de ne pouvoir en apprendre davantage. Mais il ne s’ouvrit plus à elle ; elle avait trop blessé tous ses sentiments les plus profonds, et, s’il demeura encore quelques jours dans sa maison, ce fut seulement parce que l’état de sa santé ne lui permettait pas de faire autrement, avant de partir pour Hollywell.