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toute la journée à se promener dans le cimetière entre les services.

— Le dimanche avant la Saint-Michel ! se dit Philippe.

C’était justement l’époque où il avait tant fait de tort à son malheureux cousin auprès de M. Edmonstone ! Il prit la clef de l’église et s’y rendit seul ; il s’arrêta longtemps dans le cimetière auprès des tombeaux de ses parents, et se souvint des dernières vacances qu’il avait passées sous le toit paternel, avant la mort de son père. Il était arrivé chargé de prix, de médailles et des témoignages les plus honorables de ses professeurs.

— Philippe, lui avait dit gravement son père, j’aimerais mieux une seule preuve d’humilité que tous ces trophées.

C’était le seul reproche que le jeune homme se souvînt d’avoir jamais reçu de son père ; il l’avait trouvé dur et injuste, et s’était tourné avec impatience vers Marguerite pour être flatté par elle. C’était à elle qu’il faisait part de tous ses sentiments, car il était sûr qu’elle les partagerait ; mais il était réservé avec son père, toujours prêt, comme il le savait bien, à réprimer sa trop grande ambition. Malheureusement Philippe était trop circonspect pour montrer ouvertement sa vanité ; ses parents ne s’en doutèrent jamais, et, par conséquent, ne purent l’avertir de s’en défendre.

Du cimetière Philippe entra dans l’église, où il pria longtemps. Si son père avait pu le voir alors et lire