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sa mère ; elle a posé sa main dessus, avec un de ces sourires qui rappellent tant de choses.

— Est-ce un enfant bien portant ?

— Tout ce qu’on pouvait désirer : seulement il n’est pas de la bonne espèce ; mais, si c’est égal à Amy, qui en serait fâché ?

— Elle n’est donc pas désappointée ?

— Non, certainement. La première chose qu’elle a dite, quand elle a su que c’était une fille, c’est : « J’en suis bien aise. » Le fait est qu’elle s’attendait si peu à ce que l’enfant et elle-même vécussent, que tout ceci est une surprise pour elle.

Il y eut un moment de silence, que Charles rompit en disant :

— Il faut que vous vous contentiez de moi, car je suis seul. Trim a conduit papa et Charlotte à la promenade, et Laura garde Amy pendant que nous avons envoyé maman se reposer. Il en était temps, après avoir veillé deux nuits, et se proposant d’en veiller une troisième !

— Comment peut-elle le supporter ?

— Je crains de l’y avoir accoutumée ; Amy sait bien, ainsi que nous tous, que l’anxiété la fatigue plus que la veille. Elle ne dormirait pas, si elle se couchait ; il vaut donc mieux qu’elle reste auprès du feu à tenir sa petite-fille, ou à veiller Amy en pleurant doucement, quand celle-ci est endormie. Car, après tout, c’est fort triste ! Hier matin, j’ai été très effrayé ; en entrant dans le cabinet de toilette, j’ai trouvé maman tout en larmes, en sorte que j’ai cru que tout