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dit Philippe d’un ton véhément ; n’ajoutez pas un mot, si vous ne voulez pas me rendre fou !

Marguerite fut bien forcée de se taire, quoiqu’elle ne comprît rien à l’agitation de son frère. Celui-ci demeura silencieux dans son fauteuil, jusqu’à l’arrivée du docteur Henley, qui, après lui avoir adressé quelques paroles, se mit à parler à sa femme. On annonça enfin le dîner. Philippe passa avec eux dans la salle à manger ; mais il était à peine assis à table, qu’il fut obligé de la quitter pour retourner au salon. Il dit qu’il n’avait besoin que de repos et d’obscurité, et il renvoya à table sa sœur et son beau-frère.

— Qu’a-t-il donc fait ? demanda le docteur. Son pouls est de nouveau très agité ; quelle en est la cause ?

— Il est descendu il y a une heure seulement, et, dès lors, il a été assis au coin du feu, dans un fauteuil.

— Avez-vous causé ?

— Oui, et peut-être ai-je été un peu imprudente. Je ne savais pas combien cela l’afflige d’entendre le nom du pauvre Walter ; puis, il ignorait qu’il a des chances de devenir propriétaire de Redclyffe ; il ne savait pas que les femmes étaient exclues de la succession.

— Cela explique la chose. Je voudrais bien voir un homme qui pût apprendre froidement une pareille nouvelle ! Cette attente est fâcheuse pour lui dans ce moment ; il faut tâcher d’en détourner ses pensées.

Tout le jour suivant madame Henley se demanda ce qui pouvait rendre son frère si triste et si abattu.