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chemin de fer, par un jour froid du mois de février. Il lui tardait de revoir son frère et de le soigner dans sa convalescence, car il lui semblait (elle avait un cœur, après tout) que c’était un retour de ces jours de jeunesse, qu’elle regardait avec un sentiment de tendresse, mêlé d’un peu de mépris, comme des jours de folies romanesques. Elle espérait que son pauvre Philippe qui, pour elle, avait imprudemment ruiné son avenir, serait dédommagé, et posséderait enfin la terre de Redclyffe.

Comme le train arrivait, elle reconnut tout de suite M. Thorndale, l’ancien protégé de son frère… Mais était-ce là Philippe ? Elle cherchait vainement dans cet homme grand, il est vrai, mais courbé et à la démarche traînante, le fier et vigoureux Philippe d’autrefois. Elle ne put en croire ses yeux que lorsqu’il s’avança vers sa voiture ; alors elle vit encore plus clairement sur sa figure les traces de la maladie. Un échange confus de paroles eut lieu. James Thorndale s’en allait plus loin par le même train, et n’eût que le temps d’assurer madame Henley que Philippe était beaucoup mieux qu’en quittant Corfou, quoiqu’il fût un peu fatigué du voyage. Il pria aussi Philippe de lui écrire, puis la cloche sonna : il fallut se dire adieu, et la voiture s’éloigna.

— Vous êtes donc mieux ? dit madame Henley en regardant son frère. Comme vous êtes changé ! Il faudra que nous ayons grand soin de vous.

— Merci. J’étais sûr que vous me recevriez bien, quoique je sois une triste société.