Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 214 —

précédente, car il était toujours plus disposé à écrire des vers quand il était triste que quand il était heureux. Il en avait composé un grand nombre dans le temps de son exil ; ils étaient souvent incorrects, mais tous contenaient des pensées élevées, souvent même sublimes, et exprimées avec harmonie et avec grâce. Personne n’eût pu les voir sans convenir qu’elles dénotaient un vrai poëte ; mais ce n’était pas là ce que sa femme y cherchait, quoique cette observation, quand elle la fit plus tard, animât sa figure d’un juste orgueil. Ce qu’elle étudiait avant tout, c’était l’âme de Walter ; ce qu’elle cherchait, c’était le souvenir de ses souffrances et de ses combats.

Elle le trouva bientôt. Elle trouva aussi la preuve des sentiments chrétiens qui l’avaient soutenu dans la lutte. Puis quelques mots qui se rapportaient à elle, qu’il appelait sa Verena. Les lignes qu’il avait écrites le jour de Noël étaient les meilleures. C’étaient les dernières ; car ensuite il avait été trop heureux pour écrire des vers, excepté quelques fragments qu’il avait composé en Suisse, et qu’il lui avait donnés dès qu’elle les avait découverts. Amy était véritablement heureuse, couchée sur son sofa, et seule avec ces papiers. Ils étaient trop sacrés à ses yeux pour qu’elle les montrât à personne, et il se passa même bien des semaines avant qu’elle en fît voir quelques-uns à sa mère. Plus elle les parcourait, plus elle y découvrait de choses, et plus elle apprenait à connaître les profondeurs du cœur de son Walter. Madame Edmonstone avait craint d’abord que ce fût nuisible pour elle