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voix aussi ferme que par le passé. Elle déjeuna ensuite avec toute la famille, et remonta avec Laura pour ouvrir son nécessaire de toilette, et en sortir les petits souvenirs qu’elle et son mari avaient achetés sur le continent pour ses parents, son frère et ses sœurs.

Tout cela s’était passé tranquillement, parce qu’elle s’y était préparée d’avance, lorsqu’une circonstance, bien légère, mais inattendue, l’émut considérablement. Charlotte, cherchant tous les moyens de lui faire plaisir, lui fit un bouquet des fleurs qui restaient encore dans le jardin, et, parmi celles-ci, se trouvaient les dernières roses noisettes, cueillies au même rosier dont Walter tenait une branche pendant qu’il lui déclarait son amour.

C’en était trop ! Jusqu’ici elle n’avait pensé à Walter que pour se rappeler sa soif fiévreuse, maintenant apaisée ; et elle s’était réjouie de ce que son esprit était entré dans son repos. Mais cette fois des souvenirs plus anciens se présentèrent à sa mémoire. Elle crut voir cette tournure jeune et dégagée, ces yeux brillants, cette démarche vive et légère ; elle crut entendre cette voix joyeuse et sentir cette main ferme qui l’avait sauvée du précipice. Tout cela se présenta à elle en contraste avec la mort, et, cette dernière pensée effaçant toutes les autres, elle fondit en larmes.

Une fois que ses pleurs eurent commencé à couler, elle ne put les retenir, et les efforts même qu’elle fit pour cela semblaient en augmenter la violence. Elle sanglotait tellement, que Laura, effrayée, fit signe