Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 15 —

cousine et de son fiancé, je vous conjure de vous arrêter. Ils sont tous deux très jeunes, si jeunes que, n’y eût-il pas d’autre raison, bien des personnes vous conseilleraient d’attendre quelques années, jusqu’à l’époque fixée par son grand-père pour sa majorité, par exemple. S’il est vraiment attaché à Amable, cette épreuve lui sera fort utile, en lui présentant, pendant les années les plus critiques pour un jeune homme, un motif puissant de combattre ses passions. Si, au contraire, ses sentiments sont ceux que devait lui inspirer la première jeune fille avec qui il a eu l’occasion de se lier un peu intimement, vous serez heureux d’avoir évité à votre fille une vie très malheureuse. Je n’ai jamais changé d’opinion à l’égard de Walter. Il est brave et généreux, il a de bons sentiments et des manières attrayantes, et, à tout prendre, il est fait pour gagner l’affection. Mais il est faible et impétueux, il se laisse facilement entraîner par les tentations, et avec cela il est obstiné et extrêmement violent. Je lui souhaite toute espèce de bonheur ; et, comme vous le savez, je m’emploierai autant que possible pour son bien ; cependant mon affection pour toute votre famille, et ma propre conviction, m’obligent à vous faire ces observations. Ne les considérez donc pas comme des marques de mauvais vouloir, mais simplement comme la preuve de mes vœux sincères pour le bonheur des deux parties intéressées.

« Votre affectionné
« P. Morville. »