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Cependant Charles avait besoin qu’on lui rendît peu de services. Il préférait qu’on le laissât seul. Après s’être écrié :

— Ma pauvre Amy ! il ne prononça pas un mot de plainte, mais il demeura couché, heure après heure, sans parler, et pensant aux jours fortunés qu’il avait passés lorsqu’il avait Walter pour compagnon, pour ami, puis pour frère… C’était le premier rayon qui eût éclairé son existence et qui lui eût montré qu’elle n’était pas dépourvue de toute joie. Il rêvait aux brillantes promesses qu’il avait cru voir dans l’avenir, à ses espérances pour sa sœur chérie ; et sa douleur augmentait en pensant à elle. C’était le premier chagrin de Charles, et il était bien profond ! Rien ne semblait le consoler un peu que les visites de M. Ross, qui venait le voir chaque jour, et lui disait qu’il avait partagé toute son affection et toute son admiration pour Walter. Il avait surtout admiré son détachement du monde à l’époque de son mariage, alors que tout semblait lui sourire ici-bas.

M. Ross avouait qu’il avait beaucoup compté sur le bonheur de voir ce jeune homme tenir tout ce qu’il promettait ; mais il était allé fleurir plus complétement là où rien ne pouvait arrêter le développement de sa belle âme. « L’espérance semée dans les sillons de la terre allait mûrir dans les cieux. » Charles soupira, disant qu’il était dur de ne pas le voir, et que, quoiqu’on pût lui dire, il ne pouvait s’empêcher de penser à sa sœur. Qu’était le chagrin d’un frère auprès de celui de la jeune veuve ? Mais M. Ross avait