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drait partir une fois ; elle sentait qu’il y avait de l’égoïsme à retenir ses parents dans un endroit où régnait la fièvre, et à priver plus longtemps Charles de sa mère. Elle consentit donc à faire ce qu’on voudrait, à condition qu’Arnaud demeurât avec Philippe. Philippe dit que ce n’était pas nécessaire ; mais il céda, pour la tranquilliser, et Arnaud n’objecta rien, quand elle le lui demanda comme une faveur. Il devait demeurer au service de lady Morville, et aller la joindre à Holywell dès que Philippe se serait embarqué.

Pendant tout ce temps, il n’avait pas été question de Laura. Amable demanda plusieurs fois si son père avait parlé, et on lui répondit toujours que non. Le fait est que M. Edmonstone, ne pouvant se décider à aborder ce sujet, prétendait qu’il ne pouvait être question de rien de pareil, quand une semaine à peine s’était écoulée depuis la mort de Walter. D’ailleurs, Philippe n’était pas en état d’entendre des paroles sévères, et Laura devait rougir de penser à celui qui avait été le meurtrier de son frère.

Madame Edmonstone fut donc obligée de dire à Amable que, puisque son père ne voulait pas parler, elle non plus ne le pouvait pas.

— Alors, maman, dit Amable, de l’air décidé qu’elle avait pris dernièrement, il faut que je le fasse. Je vous demande pardon, ajouta-t-elle, mais il le faut. Il ne peut pas ignorer plus longtemps que vous n’avez pas reçu sa lettre, et que Laura a tout dit. Je suis sûre que Walter voudrait que je le fisse ; ainsi, chère maman, n’en soyez pas fâchée.