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ni savoir qu’il s’accusait lui-même, et qu’il souffrait encore plus en sa présence. Cependant il était trop malade pour qu’elle pût lui manifester son déplaisir, ni faire autre chose que de chercher à le soulager. Mais elle avait plus pitié de son état que de lui-même ; et lui, qui s’en apercevait, quand il croyait que ses aveux étaient connus, se sentait doublement malheureux, tout en convenant qu’il le méritait bien.

Madame Edmonstone vit que Philippe n’était pas en état d’entendre une lecture, tant il était faible et souffrant. Ainsi, dès qu’elle put consciencieusement lui dire que le repos lui ferait du bien, elle le quitta pour retourner auprès de sa fille.

Amable était sur son lit, sa Bible ouverte auprès d’elle. Elle ne lisait pas, mais elle cherchait de temps en temps un verset sur lequel elle méditait. Elle était calme et sereine ; mais ne pleurerait-elle donc jamais ? Ces beaux yeux, si paisibles, seraient-ils toujours privés de larmes et de sommeil ?

Elle demanda des nouvelles de Philippe, qui, pendant tout le jour, l’occupa beaucoup. Elle n’essaya pas de se lever pour aller auprès de lui, mais elle demandait sans cesse à sa mère d’aller le voir. Ce fut une journée bien fatigante pour la pauvre madame Edmonstone ; elle aurait voulu la passer auprès d’Amable, à l’écouter, à la plaindre. Amy avait beaucoup à dire ; elle désirait faire partager à sa mère la parfaite paix que lui avaient inspirée les dernières heures de son mari ; elle aimait à répéter toutes les circonstances de sa maladie et toutes ses paroles à une