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trouvant Anne dans la pièce voisine, elle l’envoya en bas.

— Allez au-devant de maman, lui dit-elle ; dites-lui que je suis bien, et amenez-les ici.

M. et madame Edmonstone entrèrent, et Amable s’avança au-devant d’eux, la figure légèrement colorée, calme et en tout semblable à ce qu’elle était, en les quittant quatre mois auparavant. Elle leva la main pour leur faire signe de ne pas faire de bruit.

— N’éveillez pas Philippe !

M. Edmonstone fut sur le point de se fâcher, et commença une exclamation de colère, qui fut interrompue par un sanglot. Il saisit sa fille dans ses bras, puis cacha sa figure dans son mouchoir.

Madame Edmonstone, encore stupéfaite de la nouvelle, qu’elle avait apprise à Vicenza, et alarmée de la tranquillité peu naturelle d’Amable, l’embrasa aussi, et attendit avec anxiété de la voir pleurer. Mais elle ne répandit pas une larme, et sa voix était naturelle, quoique faible, quand elle dit à son père qui se promenait par la chambre.

— Papa, s’il vous plaît ! Philippe a été si mal tout le jour.

— Philippe !… bah !… s’écria M. Edmonstone. Comment êtes-vous vous-même ma chère enfant ?

— Très bien, merci, dit-elle. On vous a préparé une chambre.

Madame Edmonstone fut extrêmement alarmée ; elle jugea que la douleur de sa fille était trop profonde pour s’exhaler en larmes ; elle ne fut pas tranquille