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leur malheur ! Il se traîna vers sa couche et s’y laissa tomber dans un désespoir inexprimable. Ce fut là qu’Amable le trouva dans les convulsions de terribles sanglots.

— Ne pleurez pas… ne pleurez pas ainsi, Philippe ! lui dit-elle d’une voix douce.

Sans la regarder, il fit un geste comme pour la repousser.

— Ne venez pas m’accabler de vos reproches, dit-il en étouffant.

— Non, non, ne parlez pas ainsi. Écoutez-moi. J’ai quelque chose à vous dire de sa part ; écoutez seulement. Si vous saviez comme il était heureux et paisible !

Elle prit une chaise, et s’assit auprès de lui, s’apercevant que ses sanglots devenaient moins violents.

— Il était si heureux, si paisible, répéta-t-elle, que nous devons en être reconnaissants !

Il se retourna et la regarda un instant ; mais il ne put supporter sa vue.

— Vous ne savez pas ce que vous dites ! s’écria-t-il. Non, ne vous inquiétez pas d’un misérable tel que moi !

— Il le faut, il me l’a demandé, répondit Amable. Vous serez plus heureux, Philippe, en pensant à la gloire dont il jouit ! Il n’y aura plus pour lui de ces pénibles combats. Quelle nuit ! Ce serait un péché d’être affligé !

— A-t-il encore parlé de moi ?

— Oui ; voici sa Bible. Votre père la lui avait