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Amy l’écoutait, les yeux fixés sur les siens, et sans pouvoir répondre. Il reprit bientôt :

— Mes adieux à Charles… à Laura… à Charlotte… mon frère et mes sœurs !… Ils m’ont traité comme un des leurs. Il n’est pas nécessaire que je recommande à Charlotte d’avoir soin de Trim, et notre père montera Deloraine. Faites-lui aussi mes adieux, Amy ; remerciez-le surtout du don qu’il m’a fait en vous. Et ma chère maman ! Je ne la reverrai que dans un monde meilleur. Dites-lui combien j’ai senti ses bontés depuis que nous nous connaissons. Amy, vous ne serez pas fâchée de savoir que c’est votre ressemblance avec elle qui m’a fait d’abord vous aimer. J’ai été bien heureux !

Il garda de nouveau le silence, comme s’il eût été en contemplation, et Amable parvint à calmer son émotion, dès qu’il ne fut plus question d’elle-même. Tous deux gardèrent ensuite un peu de temps le silence ; Walter semblait sommeiller. Quand il parla encore, ce fut pour lui demander de lui réciter quelques vers de Sintram. Ils revinrent sur les lèvres d’Amy, à mesure qu’elle les répéta d’une voix basse et tremblante.

Quand la mort approche,
Que tu sens ton cœur frémir,
Et tes membres trembler,
Élève tes mains et prie
Celui qui aplanit le chemin,
À travers la sombre vallée.