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Amable remarqua à peine son départ ; les deux messieurs Morris étaient retournés à l’autre hôtel ; elle fit sa visite du soir à Philippe : tout cela lui semblait un rêve, que plus tard elle pouvait à peine se rappeler clairement. La nuit vint enfin, et, pour la première fois, il lui fut permis de veiller son époux.

Il avait dormi pendant quelque temps, quand elle l’éveilla pour lui donner un peu de vin, selon l’ordre du médecin. Il sourit et lui dit :

— N’y a-t-il que vous ici ?

— Non, je suis seule avec vous.

— Ma chère femme ! ma Verena, comme toujours ! Nous avons été si heureux ensemble !

— Oui, dit-elle ; et une expression de souffrance passa sur sa figure, au souvenir de leur bonheur sans nuage.

— Nous nous reverrons avant qu’il soit longtemps.

— Dans peu de mois, peut-être !… dit Amy d’une voix étouffée… Comme votre mère…

— Non, ne le souhaitez pas, Amy. Ne souhaitez pas qu’il n’ait pas de mère !

— Priez pour moi !… dit-elle ; et elle ne put continuer.

— Oui, répondit-il. Je compte sur cet enfant et sur maman pour vous consoler. Et Charles !… je ne l’aurai pas privé longtemps de vous ; et, dans un peu de temps encore, nous nous retrouverons tous. Les années et les mois semblent de la même longueur à présent. Je suis fâché de vous causer tant de peine, Amy ; mais c’est pour notre bien.