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Encore un silence, après lequel Walter reprit en souriant :

— Vous êtes l’homme de loi de la famille ; je voudrais avoir votre avis. J’ai dicté mon testament à Arnaud, et j’ai voulu laisser aux demoiselles Wellwood de Saint-Mildred quelque chose pour leur établissement. Faut-il le leur donner à elles-mêmes, ou nommer des curateurs ?

Philippe se sentit frappé par un trait de lumière, et il s’écria :

— Dites-moi seulement une chose : Était-ce pour cela, les mille livres ?

— Oui ; mais je n’étais pas libre de…

Il s’arrêta, car Philippe ne l’écoutait plus. Il s’était jeté à genoux, et cachait sa figure sur les couvertures du lit.

— C’était donc pour cela ! dit-il d’une voix étouffée. Oh ! pouvez-vous me pardonner ?

Il n’osait lever les yeux ; mais il sentit Walter lui poser la main sur la tête, et l’entendit lui dire :

— Il y a longtemps que c’est fait ! Et vous aussi, vous m’avez pardonné ma colère contre vous, comme j’espère que Dieu me l’a pardonnée ?…

On frappa à la porte, et Philippe, avec la crainte irréfléchie qu’on le trouvât dans cette posture, se releva vivement. Amable ouvrit. Arnaud venait dire que le médecin était en bas avec deux messieurs, et remit leurs cartes, sur l’une desquelles Amable lut le nom d’un ministre anglais.

— Encore ! dit Walter. Je n’ai plus rien à désirer.