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— Ainsi, après m’être fait servir assez longtemps pour mon propre avantage, il faudra que je le fasse pour le bien des autres ? Mais dois-je lui parler de cette lettre, ou la lui montrer, puisque nous n’avons jamais parlé ensemble de ses peines ?

— Parlez-lui et même montrez-lui la lettre. Vous gagnerez beaucoup à l’amener sur ce sujet.

— Croyez-vous ? Avec mes idées, je me trouverai bien embarrassé entre la crainte de la blesser et celle de ne pas dire la vérité.

— Elle a un si grand besoin de consolation, qu’une parole affectueuse lui ferait du bien.

— J’essayerais volontiers, mais ce sera difficile. Je peux sentir un peu de charité pour Philippe quand mon père ou Charlotte en disent trop de mal ; mais je ne puis supporter de l’entendre louer. Au reste, il vaut mieux parler pendant qu’il en est encore temps, et avant qu’ils soient fiancés !

— Quand vous le reverrez il sera si changé, que vous prendrez pour lui d’autres sentiments ; mais adieu : il faut que j’aille à l’église. Pauvre Laura ! Elle en a fait dernièrement un si beau dessin !

— Oui, il lui tarde d’avoir fini son croquis, depuis qu’elle sait que Walter est malade. Adieu, pensez à moi, quand je ferai ce soir ma confidence.

Il y a des sentiments bien affectueux sous ces manières sèches et railleuses, se disait Mary en s’en allant.

Le soir, dès que Charlotte se fut retirée, Charles dit à Laura :