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mère dirent avec précaution la nouvelle à M. Edmonstone, Charles se sentant obligé d’avoir du calme pour toute la famille. M. Edmonstone se montra fort irrité, et déclara qu’il ne s’y serait jamais attendu ; mais, un instant après, il prétendit avoir prévu que cela finirait ainsi, et reprocha à sa femme d’avoir toujours permis une trop grande intimité entre Philippe et ses filles. Ce n’était pas la faute de ce pauvre garçon ! Ensuite il déclara que son neveu avait abusé de sa confiance, et qu’il était bien hardi de prétendre à Laura. Il verrait bientôt à qui il avait affaire ! Puis, se rappelant l’état dans lequel était Philippe, il se fâchait contre la fièvre, qui ne lui permettait pas de s’indigner tout à son aise, et contre la folie romanesque de Walter et d’Amy, d’être allés s’exposer à la contagion. Il n’était pas si fâché contre Laura, regardant les jeunes filles comme des êtres faits pour être aimés, et qui n’étaient pas responsables des sottises qu’elles faisaient pour leurs amants. Il déclara seulement qu’il faudrait qu’elle renonçât à Philippe, et il eut de la peine à comprendre qu’il était inutile de la tourmenter à ce sujet dans l’état où était son neveu. Cependant il pensait, ainsi que Charles, qu’il n’en mourrait pas, et disait, comme si c’eût été un crime de plus, que Philippe était robuste comme un cheval. Enfin il promit de se taire pour le moment, et cela d’autant plus volontiers, qu’il appréhendait le moment de faire pleurer Laura.

Ainsi donc, quand elle s’aventura à descendre, elle n’entendit pas de reproches ; mais elle put voir,