dans l’état où il est, on ne peut songer à sa faute. Je vous plains beaucoup.
Puis, l’ayant embrassée, elle lui conseilla de chercher le sommeil et la quitta.
Madame Edmonstone avait besoin de s’épancher, et, ne trouvant pas son mari, elle vint au salon, vers Charles, avec une figure si bouleversée, qu’il craignit qu’elle n’eût reçu de plus mauvaises nouvelles d’Italie.
— Non, non ; c’est seulement la pauvre Laura.
— Hé ? s’écria Charles d’un air soupçonneux.
— Vous doutiez-vous de quelque chose ?
Charlotte, qui lisait vers la fenêtre, tremblait d’être remarquée et renvoyée.
— Je pensais bien que Laura l’aimait ; mais qu’est-il arrivé ?
— Souvenez-vous de l’état où il est, Charles. Auriez-vous deviné qu’ils se sont avoué leur amour il y a trois ans, quand nous eûmes quelques soupçons ?
Elle attendait un éclat ; mais Charles dit simplement :
— Ils l’ont enfin avoué !
— Quoi ! le saviez-vous ?
— Non, certainement : ils ne m’auraient pas pris pour confident ; mais nous avons toujours pu voir que Laura était son esclave, et qu’elle le croyait infaillible.
— Elle était fort jeune alors ; elle n’avait que dix-huit ans. Amy n’en avait que dix-neuf, l’été dernier : quelle différence dans leur conduite ! Mais la pauvre Laura a beaucoup souffert, et elle souffrira encore, qu’il se rétablisse ou non.