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cacha sa figure dans ses mains. Je l’ai trahi quand il est mourant !

Sa mère était trop indignée pour parler encore avec la même douceur.

— Laura, dit-elle, expliquez-vous. Que s’est-il passé entre vous et Philippe ?

Laura ne répondit que par un torrent de pleurs, et madame Edmonstone, émue de la voir dans cet état, la ramena à la maison jusque dans son cabinet de toilette, où la pauvre fille se laissa tomber sur un canapé, sanglotant toujours avec violence. Elle ne se sentait pas encore repentante ni humiliée ; mais l’idée de révéler le secret qu’il lui avait confié lui faisait horreur.

La pauvre madame Edmonstone ne pouvait parvenir à la calmer, ni obtenir de nouvelles explications. Elle était si bouleversée, qu’elle s’attendait presque à apprendre qu’ils étaient mariés secrètement. Comme sa présence semblait augmenter la douleur de Laura, elle lui dit enfin :

— Je vais vous quitter pour une demi-heure, afin de vous laisser vous remettre, avant que de vous demander les explications que j’exige.

Elle se retira dans sa chambre et attendit, les yeux fixés sur sa montre, d’autant plus blessée qu’elle avait toujours eu la plus entière confiance en Laura et en Philippe.

Quand madame Edmonstone revint dans son boudoir, elle trouva sa fille assise dans le coin du sofa. Laura leva la tête à l’entrée de sa mère : elle paraissait plus troublée qu’embarrassée.