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— Papa fut toujours persuadé qu’il n’était pas coupable, dit Mary.

— C’est ce que Charles m’a dit, et c’est pourquoi j’ai désiré de vous mettre dans le secret.

— Ainsi il y avait déjà quelque chose l’été dernier ?

— Oui, mais ce n’était pas encore comme à présent ! Je ne me rendais pas bien compte alors de ce que nous étions l’un pour l’autre.

— Pauvre enfant ! Quel triste hiver vous avez passé.

— Oh ! oui. Mais je n’étais pas aussi à plaindre que lui, car il était tout seul, tandis que tout le monde était bon pour moi, maman, Laura et le pauvre Charles, malgré sa maladie. Savez-vous, Mary, que je suis bien aise maintenant d’avoir eu à supporter cette épreuve ; cela m’a préparée pour l’avenir.

Mary fut frappée d’entendre une jeune fiancée penser déjà aux peines de la vie, au lieu de voir tout en beau : « Peut-être cela vaut-il mieux, » se dit-elle. Cependant Mary Ross n’avait pas beaucoup d’expérience en affaires de sentiment. Elle accompagna Amy jusque tout près de Hollywell. Là elles s’arrêtèrent pour attendre le reste de la société. Mary ne dit rien à Walter ; mais il sentit qu’elle le félicitait à sa manière de lui serrer la main. Lui, de son côté, la remercia du regard. Charlotte ne put s’empêcher de faire quelques pas en arrière avec Mary pour lui dire :

— N’êtes-vous pas contente, Mary ? Amy n’est-elle pas charmante, et savez-vous, quoique ce soit un secret, comme Walter s’est bien conduit ?