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— Oui, répondit-il d’un ton découragé ; je vous prierai d’adresser celle-ci, je ne puis le faire lisiblement.

Sa main tremblait en effet en la lui présentant.

— À votre sœur ? demanda Amable.

— Non, à la vôtre. C’est la première fois que je lui écris. Il y en a une dedans pour votre père, à qui je dis tout.

— Je suis bien aise que vous l’ayez écrite, vous serez plus tranquille à présent. Mais comme vous semblez fatigué ! Il faut vous recoucher. Voulez-vous que j’appelle Arnaud ?

— Non, je vous prie, laissez-moi d’abord me reposer.

La voix lui manqua, il se renversa sur le sofa, ferma les yeux et devint si pâle qu’Amable ne put le quitter, et employa tous les moyens à sa portées pour le faire revenir à lui. À peine se remettait-il, qu’Amy vint prendre les lettres pour les envoyer à la poste, ce qui faillit le faire évanouir encore une fois. Mais il serra ses mains avec force l’une contre l’autre ; Amy devina ce qu’il en coûtait à un caractère si fier pour avouer sa faute, et surtout pour attirer sur Laura la peine qu’il méritait.

Oh ! si Walter était ici pour lui parler ! se dit-elle ; mais, ne voulant pas le quitter sans un mot de sympathie :

— Vous serez content plus tard, lui dit-elle.

Il ne répondit rien.

Elle essaya quelques stimulants, et tâcha de l’arranger plus commodément sur le canapé.