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Combien n’aurait-il pas été disposé à le croire maintenant, s’il était venu lui dire : « Je suis innocent ! » Mais il n’était plus temps de s’ériger en juge, et il n’était pas surprenant que tous ces sentiments de honte et de regret retardassent la convalescence de Philippe.

Ce ne fut pas avant le dixième jour de la maladie de Walter que son cousin fut en état de se lever et de passer dans la pièce voisine, où Amable lui avait promis de venir dîner avec lui. Il lui parut encore plus changé, quand elle le vit sur le sofa, qu’il ne lui avait semblé dans son lit ; car sa maigreur frappait davantage en voyant sa haute stature. Il semblait fort éprouvé par la fatigue que lui avait causée sa toilette, et garda le silence pendant une grande partie du dîner. Cependant Amable aurait été mieux en état de parler ce jour-là ; Walter avait dormi, et la fièvre avait diminué ; il avait pris quelque nourriture, qui semblait lui avoir rendu ses forces. La jeune femme disait qu’il ne lui faudrait que l’air de Redclyffe pour le remettre tout à fait, et le pas que Philippe venait de faire dans sa convalescence la réjouissait aussi beaucoup.

Elle quitta son cousin d’abord après le dîner, et ne revint auprès de lui qu’une heure et demie plus tard. Elle fut surprise alors de le trouver achevant une lettre, la tête appuyée sur sa main, d’un air très fatigué et très malheureux.

— En êtes-vous déjà à écrire des lettres ? lui demanda-t-elle.