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lotte, plaisait tout particulièrement à Amy, et il lui semblait que de la couper c’était se préparer à une longue maladie. Cependant elle était décidément embarrassante, et il fallut bien la sacrifier. Walter sourit du soin avec lequel sa femme la plia dans du papier et l’enferma dans son nécessaire ; puis elle lui fit une lecture pour l’endormir.

Les journées se succédèrent sans autres événements. Walter n’eut jamais ni délire, ni autant de fièvre que Philippe. Il était dans un état de torpeur presque continuel, avec des intervalles de grande lucidité. Amy demeurait auprès du lit où il gisait immobile, pensant aussi peu que lui à la fuite du temps, toujours prête à lui donner à boire, à baigner ses tempes, à arranger ses oreillers, et à lui faire de courtes lectures, mais n’osant envisager l’avenir. Elle était toujours surprise de voir arriver l’heure des repas et le moment de soigner Philippe, de recevoir les lettres à la tombée du jour, et de céder à Arnaud son poste pour la nuit.

C’était pour elle un grand chagrin ; mais Walter ne voulait décidément pas qu’elle veillât. Elle sentait bien aussi qu’il fallait qu’elle ménageât ses forces, pour le cas où cette maladie serait longue, et elle savait qu’il était tranquille pour la nuit. Pour elle, son caractère paisible et confiant lui permettait de dormir et de se reposer plus que Philippe ne le croyait.

Elle paraissait toujours dans la chambre de ce dernier avec une physionomie douce et inquiète, mais elle ne lui laissait jamais voir son impatience de re-