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effrayée des battements redoublés de ses tempes.

— Amy, dit-il en la regardant avec calme, c’est la fièvre.

Sans lui répondre elle pris sa main ; et interrogea le pouls, qui était en effet très fébrile. Chacun d’eux comprit que l’autre pensait aux paroles de Walter, et à ce qu’il avait dit le dimanche de la prédication du médecin ; Amy devina qu’il pensait à la mort ; elle proposa d’appeler le médecin français. Elle écrivit son billet avec un calme qui venait de la violence même du choc qu’elle avait éprouvé. Elle ne pouvait penser, elle ne savait pas si elle craignait ou si elle espérait. Elle tâchait de ne vivre que dans le moment présent, et il était heureux que son imagination ne lui représentât pas toute l’horreur de sa situation. Si jeune et chargée seule du soin de deux malades dans un pays étranger (il est vrai que son cousin était convalescent ; mais il était encore dépendant et incapable de l’aider, même de ses conseils) ; son mari, atteint de cette fièvre terrible, et pour qui elle avait des raisons particulières de craindre ! car, indépendamment de la prédiction du médecin, il était facile de voir qu’il n’était pas robuste, malgré son activité, et que les fatigues qu’il venait de supporter l’avaient mal préparé à traverser une maladie. Mais, comme nous l’avons dit, Amy n’osait pas regarder en avant ni autour d’elle. Elle se confiait en Dieu, et tâchait de se rendre utile aux deux malades, auprès desquels elle aurait voulu pouvoir être à la fois.

Cette journée fut très pénible, car l’agitation de la