Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 122 —

Amy, nous promener sur les collines, pendant qu’il dort.

Ils marchèrent longtemps sur les pentes gazonnées, à l’ombre des vieux châtaigniers, jouissant de la pureté de l’air, causant peu et méditant doucement, comme ils l’avaient fait souvent autrefois. Après un long silence, Amable lui dit :

— Vous rappelez-vous votre mélancolique définition du bonheur, il y a quelques années ?

— Non ; qu’est-ce que c’était ?

— Des rayons d’un autre monde, trop tôt éclipsés ou perdus. Cela m’attrista. Pensez-vous toujours ainsi ?

— Pas tout à fait.

— Quelle serait donc votre définition, à présent ?

— Des rayons d’un autre monde, qui deviennent plus brillants à mesure qu’on approche de leur source.

— La vieillesse semble si loin ! dit Amy.

— Chaque jour est un pas, répondit-il. Et un autre silence suivit.

Ils s’assirent sous un arbre, en face des montagnes, dont les flancs étaient couverts de nuages. Leurs blancs sommets se détachaient sur un ciel pur, pendant que les dernières lueurs d’un soleil d’Italie éclairaient toute la scène.

— Il ne manque ici qu’une chose, dit Amy. Philippe ne peut nous entendre : si nous chantions un psaume ?

Quand ils eurent fini, l’écho de la montagne répéta quelques-uns des sons harmonieux qui l’avaient éveillé.