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bijou qu’elle eût jamais reçu de lui. Puis elle se mit à sa fenêtre, regardant les paysans italiens passer dans leurs costumes de fête, et songeant aux journées de solitude et d’angoisse qu’elle avait passées à cette même fenêtre. Elle se demandait si la lettre qui devait rassurer ses parents était arrivée à Hollywell, et elle se perdait en réflexions sur la conduite de Laura.

— À présent ! dit Walter, qui entrait enfin. Pourvu que ses préparatifs ne l’aient pas trop fatigué ! Il voulait que tout fût si bien arrangé dans sa chambre, que je lui ai dit : Vous avez l’air d’attendre la reine plutôt que votre cousine Amable Morville.

Ils descendirent, et Walter ouvrit la porte en annonçant, d’une manière badine :

— Lady Morville !… Je ne me suis pas trompé cette fois ; la voici !

Elle s’attendait naturellement à trouver Philippe fort changé ; car il avait d’ordinaire un teint coloré et frais, et, par conséquent, c’était un de ces hommes chez qui les traces de la maladie sont particulièrement visibles. Il avait complétement perdu ses couleurs ; ses lèvres étaient pâles ; ses joues étaient creuses, et son front paraissait plus fort que de coutume, à cause de la maigreur du reste de sa figure, et parce qu’il avait perdu ses cheveux. Ses yeux n’étaient pas reconnaissables, enfoncés comme ils l’étaient. Il semblait heureux et tranquille, mais si faible, si dépendant, si différent de lui-même, qu’Amy en fut émue. Il sourit en lui tendant une main pâle, et qui n’avait littéralement que la peau et les os.