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sans doute, que cet engagement fût rompu. Philippe pourrait venir à Redclyffe, où il achèverait de rétablir sa santé. Walter fit plus de projets pour faciliter le mariage de son cousin qu’il n’en avait fait pour le sien propre. Il amena presque sa femme à lui pardonner sa faute, et il lui dit encore dans la soirée qu’elle aurait été fort attendrie, si elle l’avait entendu parler de Stylehurst et de son père.

Le lendemain était un dimanche, et Amable devait faire une visite à Philippe. Walter était enchanté, et disait que c’était un grand progrès dans sa convalescence. Il était si heureux d’avoir enfin obtenu son amitié, qu’il lui faisait tous les plaisirs possibles, et l’on eût dit qu’il croyait ne pouvoir lui en faire un plus grand que de lui amener sa petite femme. Amable, pour ne pas diminuer sa joie, tâcha de ne plus penser à sa mère et à Laura.

C’était un beau jour du commencement de septembre ; on sentait déjà dans l’air la fraîcheur de l’automne. Philippe était si bien, le départ si prochain, qu’il n’y avait plus de raison d’être inquiet. Amable sentait son cœur plein de reconnaissance ; elle avait peine à s’habituer à ce sentiment nouveau, qu’elle éprouvait de la pitié pour Philippe !

Elle fit tout ce qu’elle put pour distinguer ce dimanche d’un autre jour ; elle s’habilla d’une robe de mousseline blanche, ornée de rubans blancs ; elle mit le bracelet de cheveux de sa mère, que Charles lui avait donné, et une broche de filigrane d’argent que Walter lui avait achetée à Milan : c’était le seul