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fut d’un sommeil si agité, qu’il lui fit paraître la nuit plus longue que si elle avait veillé.

Enfin, étant sortie d’un assoupissement plus profond que les autres, elle vit que le jour commençait à poindre. On pouvait déjà distinguer le blanc sommet des montagnes ; il y avait un peu de clarté dans la chambre. À ce moment, elle entendit marcher avec précaution dans le passage, et Walter ouvrit doucement la porte de son cabinet de toilette. Philippe était-il vivant ou mort ? Le cœur d’Amy battit, au bruit des pas de son mari dans la chambre voisine. Dans son émotion, elle ne put que dire : « Je ne dors pas ! » Walter s’avança ; elle le vit passer devant la fenêtre. Faisant effort pour se contenir, il dit : « Il est sauvé ! » et il s’approcha du lit. Il pleurait.

Au bout d’un moment, il murmura quelques paroles d’actions de grâces, puis il garda encore le silence.

— Il dort paisiblement, reprit-il plus tard. Son pouls est meilleur. Il a été d’une faiblesse extrême ; le médecin tenait sa main et me disait quand il fallait lui faire prendre un cordial. Deux fois nous avons cru que c’était son dernier soupir et je ne pensais pas du tout qu’il pût se remettre ; mais à présent le médecin assure qu’il n’y a, pour ainsi dire, plus de danger.

— Quel bonheur ! A-t-il sa connaissance ? A-t-il parlé ?

— Il a sa connaissance quand il n’est pas évanoui ; mais il est trop faible pour parler, et même pour ouvrir les yeux. Quand il les a ouverts un instant, son regard était si amical !…