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nouvelles du malade. Le délire était revenu, et, de sa fenêtre, près de laquelle elle était assise, Amy entendait les paroles entrecoupées de Philippe. Elle ne pouvait qu’écouter, incapable d’écrire des lettres. Il aurait d’ailleurs été cruel d’écrire ce jour-là à madame Henley, et, si Philippe ne se trompait pas, il était tout aussi dur d’écrire à Hollywell. La pauvre Amy frémissait, en pensant à la peine qu’elle avait dû causer à Laura en n’épargnant aucun détail, aucune prévision funeste dans ses lettres précédentes, ainsi qu’elle l’avait fait pour la sœur de Philippe.

Le médecin arriva vers le soir. Il vint dire à Amy que le malade était plus tranquille, et, en effet, on n’entendait plus de bruit en bas. La nuit tomba, Arnaud apporta de la lumière, et dit que le capitaine Morville était de nouveau assoupi. Après un long intervalle, le médecin revint encore pour prendre du café. Il dit que la fièvre diminuait, mais que les forces diminuaient aussi, et que, si le malade était sauvé, ce serait grâce aux soins de son cousin.

Walter ne parut pas de toute la soirée. Son dernier message était écrit au crayon sur un petit morceau de papier, il l’envoya à onze heures du soir :

« Le pouls est presque insensible, la faiblesse mortelle ; le docteur ne le condamne pas encore ; cet état peut durer des heures ; couchez-vous, vous aurez des nouvelles dès qu’il y en aura de décisives. »

Amy obéit, et fit lentement ses apprêts pour se coucher, pensant que Walter n’aimerait pas à la trouver debout. Mais elle ne dormit presque pas, et ce