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Amable garda le silence, puis elle reprit au bout d’un moment :

— Laura !… Comment aurait-elle pu ne pas le dire à maman ? Ce n’est pas seulement un devoir, c’est un si grand plaisir !

— Mais vous rappelez-vous les larmes de Laura, et ce qu’elle me dit le jour de notre mariage ?

— Pauvre Laura ! reprit Amy. Cependant…

— Eh bien, je tâcherai de ne pas le croire. Je ne pourrais me résoudre à perdre la bonne opinion que j’ai de Laura et de Philippe. Mais il faut que je descende, il est temps qu’Arnaud aille déjeûner.

Amable resta longtemps encore à réfléchir. Elle ne pensa pas beaucoup à ce qu’elle venait d’entendre, car elle ne pouvait le croire. Mais ce qui la surprenait, c’était de voir que Walter fût si fâché de trouver une faute dans son cousin. Elle, au contraire, s’était toujours sentie fatiguée de ses perfections. Pour son mari il était bien au-dessus de pareils sentiments, et c’était en lui qu’elle trouvait toujours de nouveaux sujets d’admirer.

— Oui, se dit-elle, on pourrait chercher bien loin sans trouver son pareil ; si jamais il parvient à me fâcher, c’est parce qu’il me croit toujours meilleure que lui. Quelle erreur ! Au reste, c’est encore une de ses vertus que cette humilité. — Mais voyons, il faut préparer un dîner pour le médecin.

Elle s’occupa donc de son petit ménage, et ensuite elle essaya de lire et de travailler, sans pouvoir s’attacher à rien dans ce jour d’attente. Elle ne vivait que des